jeudi 18 octobre 2012

Par coeur



Je crois que si j’avais su ce qui m’attendait le jour où je suis entré dans le bar que j’ai déposé les miens dans tes yeux je n’aurais jamais franchi la porte et me serais enfuis 

Je ne pouvais savoir qu’à cause de toi je me laisserais mourir d’ennui d’envie de toi toutes ces nuits l’hiver tu n’étais pas ici mais ailleurs dans d’autres bras qui n’étaient pas les miens et ça me tuait à petit feu, trop lentement même pour me réchauffer

Et ces nuits à mordre mes idées noires les transpercer pour que leur sang rose coule et colore ce monde que tu as laissé derrière tes mensonges que tu places devant mes yeux pour que j’oublie ce vide si plein de toi

La présence de ton absence

J’ai fait l’erreur d’être sourd aux choses que tu glissais dans mon oreille ces prophéties de notre fin. Je n’en regrette rien ce passé de nous deux vécu sur ces bouts de papier empruntés à un autre qui te lisait de temps à autre.

Tout est fini nos mots ont formés les dernières images de cet impossibilité de nous je me bats contre l’oubli de toi ce blanc qui fond sur la page sur le texte je me plais à rêver à cette mort qui avance pour qu’enfin la réalité ne puisse détruire ces souvenirs de toi que j’entretiens à grands coups de récitals devant le miroir

Je t’apprends par cœur pour ne pas m’oublier

lundi 26 septembre 2011

Accident

Moi
Qu'est-ce qui s'est passé, ce soir avant que je repartes de chez toi?
Elle
Que veux-tu dire?
Moi
Tu t'es cogné la tête, ce n'était qu'un accident. Je n'ai pas fait exprès.
Elle
Ça me revient, vaguement
Moi
C'est comme si le choc t'avait réveiller d'un rêve. Nos bassins se sont arrêtés, il n'y avait plus de plaisir, qu'un énorme vide qui se créait entre nos corps entrelacés.
Elle
Je ne sais pas. Tout a changé à ce moment.
Moi
Le lendemain matin, quand j'ai franchi la porte, je ne savais pas que c'était la dernière fois que je te verrais de cette façon. Je ne savais pas que la porte qui se refermait était bien plus que celle de ta maison.
Elle
Je ne le savais pas à l'époque non plus.
Moi
Qu'est-ce qu'il s'est passé? J'aurais tant besoin de savoir.
Elle
Un jour, je te le dirai. Je dois partir encore. Je ne suis plus celle que tu as connu.

samedi 17 septembre 2011

Sud.

Je me souviens de la chaleur de sa main dans la mienne, de son premier regard lorsqu’enfin nous n’étions qu’un. Elle s’évapore lentement dans ma mémoire et je ne peux la retenir.

J’ai rêvé à ses yeux, son visage et ses lèvres. J’ai rêvé à nous deux dans un endroit qui ne nous connaissait pas, elle et moi si complice dans une situation improbable. Je l’ai imaginée lors du premier baiser, vu dans ses yeux toutes les promesses que l’on peut attendre en tel instant. Nous avons marcher longtemps à travers le complexe pour que tout soit simple, en vain. J’ai senti que je ferais tout pour elle, qu’il n’y en avait plus aucune autre. J’ai été amoureux, d’elle, de l’Amour, de ses yeux et de moi.

Plus le temps passe et plus je l’oublie. Il est injuste de rêver si ce n’est que pour vivre les réveils.

Parfois

Parfois Elle disparaît et je ne peux plus la retrouver, elle s'évanouit dans la blancheur des pages, se fond dans l'hiver de son absence.

Je me retrouve devant la feuille, vide. Et l'encre n'y peut plus rien.

jeudi 2 juin 2011

Camping

Au début, je n’ai rien cru de toute cette histoire. J’ai été surpris par son audace. Quand elle avait abordé le sujet pour la première fois, au détour d’un corridor des résidences du collège, j’étais trop occupé à graver les traits de son visage dans ma mémoire pour porter attention à ce qu’elle disait. Et même si j’avais écouté, j’aurais pensé qu’elle s’adressait à un autre qu’à moi, au tapis ou à la poignée de porte.


Je revenais d’un cours de math, ou de chimie, je ne me souviens plus et honnêtement ça n’a aucune importance. J’ai poussé la porte de l’appartement et je l’ai aperçue sur le maigre divan qui nous était fourni. Elle était là, calme, immobile. Je l’ai prise dans mes bras, l’ai retournée. Sur le verso elle avait écrit ces mots : Veux-tu toujours aller camper? Elle avait encerclé le prix de location des sacs de couchage.

C’est arrivé par hasard, même si c’était prévu. Nous nous sommes embrassé doucement au début, un peu en riant. J’avais perdu la main, l’espoir. C’était irréel de sentir ses lèvres parcourir ma peau, d’entendre le bruit des vagues dans la pénombre. Je me suis laissé porter par le courant et je me suis retrouvé loin, très loin.

On s’est perdu de vue, par la suite. Un peu comme à toutes les fois, j’ai essayé de trop en faire et elle a hésité. Elle a fini par se blottir dans les bras d’un autre, prétextant la fin des cours qui arrivait à grand pas et la distance qui nous séparerait tout l’été. Je n’avais aucun argument pour traverser les six cent kilomètres qu’elle venait de mettre entre nous.



lundi 30 mai 2011

Bus

Le paysage qui défile par la fenêtre est le même depuis des heures, c’ est à croire que tout n’est vraiment qu’une mise en scène, que l’autobus ne bougent pas et que ce que je vois à ma gauche est peinturé sur d’immense rouleaux qui défilent pour me donner l’illusion du mouvement. Il est 4h50 et le soleil tarde à percer l’épais couvert de nuages.

Chacun des mètres que l’autobus franchi me ramène à moi-même.

Je peine à fermer l’œil, trop effrayé de voir le temps m’échapper, de le voir s’effriter sur le mince cordon de bitume qui s’étire devant nous. Effrayé de ne pas pouvoir profiter de toutes ces secondes qui restent avant la réalité.

Il pleut depuis notre départ, il y a quelques jours. L’eau de pluie qui ruisselle a laissé des marques sur ma peau, a cicatrisé mon visage. J’espère qu’elle me reconnaîtra, et que dans ses yeux je me verrai comme je me voyais avant cette parenthèse.

Le collage 2

Je ne suis qu’un collage des personnes que j’aurais pu être mais que je n’ai jamais été. J’ai manqué de courage, de pratique et d’effort, et je n’ai que très peu tenté d’être simplement moi-même. Je sens qu’à chaque fois qu’une autre possibilité s’ouvre mon corps se sépare encore une fois. Je me sens éparpillé dans mes différents passés, oublié dans des histoires que personne ne raconte. J’aimerais pouvoir aller me rencontrer dans mes hypothétiques vies pour apprendre à me connaître.

J’ai ouvert la porte à cette fission de mon être très tôt, pour éviter de choisir, parce que j’avais horreur de penser qu’il était possible que je manque quelque chose. J’ai donc fait le choix de me pas choisir, de me laisser porter par cette étrange vague qui est devenue de plus en plus grande, et d’à chaque fois laissé une infime partie de moi sur les rivages d’histoires finies trop tôt ou jamais entamées.

J’ai oublié comment nager, avec les années. Je me suis habitué à la houle, à sa poussée douce. Je n’étais plus prêt à avaler une tasse d’eau pour avancer. Puis hier j'ai eu envie de me noyer.